Masseur-Kinésithérapeute du sport quasi exclusivement auprès de la patiente et du patient atteint de rupture et/ou reconstruction du Ligament Croisé Antérieur (LCA) au sein du Centre Orthosport.
Il exerce aussi et dirige l’unité d’exploration fonctionnelle de la Clinique de Domont où il coordonne le parcours ambulatoire des patients atteints de reconstruction du LCA, du préopératoire au retour au sport.
C’est également avec cette même unité qu’il travaille avec divers professionnels, notamment attachés à la SFMKS (Société Française des Masseurs-kinésithérapeutes du Sport) et au SFMKS Lab, sur des sujets de recherches liés à la rééducation du LCA.
SA PATIENTÈLE
Aujourd’hui, avec l’augmentation de ses travaux de recherches et de formations, Florian est contraint de réduire son activité en libéral, même s’il nous confie qu’il lui tient à cœur de garder du temps en cabinet pour être toujours au contact du patient. Sa patientèle de sportives et sportifs de haut niveau ou de haute intensité, est essentiellement recentrée sur des personnes avec des problématiques autour du genou. Il les rencontre en rééducation de suivi, ou en évaluation post-opératoire des ligaments croisés pour établir les lignes directrices de rééducation.
Dans le service ambulatoire où il coordonne le parcours des patientes et patients atteints de reconstruction du LCA, lui et son équipe les rencontrent en amont de l’opération pour les préparer à la chirurgie mais aussi à la suite avec un minimum de 6 mois de rééducation à prévoir. Il les informe également sur « l’auto-rééducation qu’ils peuvent faire chez eux ». Il les sensibilise notamment à « l’extension, le premier mouvement à récupérer et à la contraction du quadriceps ».
En pré-opératoire, il a un rôle également de réorientation et d’évaluation. Il nous donne un exemple, quand l’IRM n’est pas assez exploitable, il réalise, sous prescription médicale, des laximétries robotisées, une aide au suivi et au diagnostic.
« En cas d’une lésion, le chirurgien nous consulte parfois, dans une logique pluridisciplinaire car on sait que tous les patients ne nécessitent pas de chirurgie. L’objectif c’est de prendre la meilleure décision à l’instant T.»
SES TRAVAUX DE RECHERCHE
La recherche menée avec son équipe a permis de faire évoluer les bilans et les prises en charge. L’analyse de la marche, les kits EMG, les plateformes de force et d’autres outils ont participé à récolter des données. Ils ont été accompagnés du groupe Ramsay, qui a un département recherche et éducation, pour la mise en place des études.
« Dans les recherches qu’on a essayé de mettre en avant, il y en a eu plusieurs, mais dans les gros chapitres il y a eu déjà l’inclusion de la chaîne cinétique ouverte, l’éternel débat sur le croisé, qui est l’une des deux thèses que je suis en train de faire. L’objectif était de vérifier si la chaine cinétique, au-delà de l’aspect dogmatique et éthique, était efficace ? Et ensuite c’était de voir si le fait d’en faire, couplé à des protocoles de chaines cinétiques fermées, augmentait la translation antérieur, et tout ça en incluant le renforcement des ischios jambiers, puisque ça n’avait pas été fait dans la littérature. »
Ce projet de près de 4 ans a été présenté dans plusieurs congrès et donné lieu à des publications. Grâce aux résultats de cette étude, Florian et son équipe ont pu constater que, sur la période des trois premiers mois, ce protocole pouvait être très intéressant, sans être dangereux pour la patiente et le patient. Le résultat du renforcement des ischios jambiers a montré également des résultats satisfaisants.
Suite aux échanges avec des consœurs et confrères, Florian prend conscience que certaines patientes et patients n’évoluent pas car les kinés sont bridés par la prescription médicale. A cette observation, dans un projet de thèse cette fois-ci mené en Espagne, lui et son équipe décident de rajouter un bilan à un mois en plus de ceux de 3 et 6 mois, autorisant le renforcement intensif avec un kiné. Et les résultats de ces études ont été très positifs, puisque lors du bilan à 3 mois la force musculaire était améliorée.
« On se rend compte que lorsqu’on laisse plus de place au kiné, il fait le job. La science évolue très rapidement et parfois les pratiques n’évoluent pas plus que ça »
« Quand on me demande parfois pourquoi ce test à un mois, je leur explique qu’on pourrait comparer le croisé à un marathon, le départ conditionne le reste de la course. Si vous partez mal, à un moment donnée ça ne va pas aller. »
Il aborde également un autre gros chapitre de recherche qu’il mène sur la décélération, dans une partie du mécanisme lésionnel du croisé, en constatant qu’il n’y a rien aujourd’hui qui évalue la décélération dans le retour au sport. Habituellement l’évaluation est centrée sur la hauteur de saut d’une patiente ou d’un patient et la façon dont il retombe. Ce qui n’est pas évalué, nous indique-t-il, c’est comment elle et il se baisse pour décélérer, pour enfin réaccélérer pour ensuite faire le saut.
Légèrement déçus des résultats sur la phase de décélération, ils se sont questionnés alors sur les sauts qui étaient réalisés. Il est généralement demandé de faire trois sauts le plus haut possible. Le questionnement se porte donc sur ces trois sauts : est-ce que ces trois sauts sont variables ? Quel est le meilleur retenu ? Sur les données statistiques est ce que c’est vraiment le meilleur ?…. Avec des tests qui sont souvent issus de la préparation physique avec des gens sains, l’objectif pour Florian c’est de comprendre si du côté de la rééducation il ne serait pas intéressant d’adapter ces tests en fonction des personnes pathologiques qui sont en face des rééducateurs.
« Sur la partie recherche, j’essaye d’être le plus clinique possible, pour que ça puisse aider tous les praticiens qui travaillent avec le croisé. »
SES FORMATIONS
Notre expert nous raconte que dans ces formations, la plupart des kinésithérapeutes qu’il rencontre, viennent en première intention pour se remettre à jour et très vite ils prennent conscience qu’ils n’avaient plus les bonnes informations. Aujourd’hui, dans le secteur de la recherche ça évolue très vite, c’est l’une des pathologies où il y a le plus de publications, ce qui ne signifie pas nécessairement de qualité, précise-t-il.
« Pour moi il faut d’abord bien se centrer sur le mécanisme, j’essaye d’être pragmatique et factuel. Les clés c’est déjà de détecter la lésion le plus rapidement possible. Il y a des pistes pour évaluer et savoir rapidement s’il y a croisé ou non. Et ensuite c’est de pouvoir évaluer de manière régulière le patient pour faire évoluer sa rééducation et le ramener à un niveau de performance dans le sport mais aussi dans sa vie quotidienne.»
Lors de ses formations il explique qu’il n’y pas besoin de salle de sport pour prendre des patientes et patients qui ont des ligaments croisés.
« Ils sont toujours étonnés car moi je ramène un petit balluchon, dedans il y a des plots, des élastiques… et ils voient qu’on peut déjà faire énormément de chose facilement. L’objectif c’est que le lundi ça soit facilement applicable, avec des exercices assez simples et des applications accessibles.»
Son objectif est de montrer du lien entre toutes les parties. Par exemple l’activation sert pour le renforcement musculaire mais servira aussi pour le retour au sport.
LA CLÉ DE L’INTER-DISCIPLINARITÉ
Du fait de son parcours, il est souvent sollicité par d’autres kinés, qui travaillent parfois de manière partielle dans les cliniques et également avec des chirurgiennes et chirurgiens lors de congrès. L’inter-disciplinarité est un élément clé dans la rééducation. Les chirurgiennes et chirurgiens accordent aussi plus d’importance à la kiné, indispensable dans ces pathologies.
« Ce que je dis souvent en pré-op, quand il y a un nouveau patient, il faut construire l’équipe »
Les relations entre professionnels ont évolué dans le bon sens pour la patientèle atteinte de ces pathologies. La question de la confiance pour les kinés vient aussi avec la question de la responsabilité et Florian nous explique que sur ce point c’est encore à construire et à acter.
« Dans l’orientation et la réorientation, les kinés ont un réel rôle, mais aussi dans l’évaluation. »
Florian FORELLI sera présent à Rennes, à l’IFPEK, pour sa formation : Optimiser la rééducation du ligament croisé antérieur (LCA)
27 et 28 septembre 2024