Pauline Tonnellier, étudiante en 3ème année et Maëlle Dumitru-Marin, étudiante en 4ème année, sont toutes deux en masso-kinésithérapie et Sportives de Haut Niveau (SHN) en Tumbling, discipline faisant partie de la gymnastique. Toutes deux font parties de l’équipe de France et alternent entre études et compétitions internationales.
Quel est votre parcours jusqu’à l’IFPEK ?
Pauline : « J’ai toujours fait beaucoup de sport. J’ai commencé à intégrer un parcours en gymnastique dès la primaire. Le soir, j’allais aux entraînements avec le comité départemental en plus de ceux du club. Ensuite, j’ai intégré le collège et le lycée, en section sportive. Après, je suis retournée au Mans, d’où je suis originaire et j’ai fait un Master STAPS en parallèle de ma pratique. Et c’est après ça, que j’ai intégré l’IFPEK, j’ai toujours voulu être kiné. »
Maëlle : « Moi, j’ai commencé la section sportive au collège à Chartres de Bretagne en gym, puis j’ai intégré le pôle de tumbling au lycée à Bréquigny et je suis allée en STAPS par la suite. Après j’ai fait une demande en tant que sportive de haut niveau pour intégrer l’école après ma deuxième année de STAPS. Je voulais faire ça depuis longtemps, j’avais déjà fait mon stage de 3ème dans un cabinet de kiné. »
A ce jour, quel est votre palmarès ?
Pauline : « Moi je suis plusieurs fois championne de France par équipe, et j’ai participé à deux championnats du monde et d’autres compétitions internationales. »
Maëlle : « Et moi je suis championne de France junior, championne de France sénior cette année et après j’ai été deux fois championne d’Europe avec l’équipe de France, championne du monde par équipe, médaillée de bronze par équipe au championnat du monde de l’année dernière et 6ème en individuelle. Et cette année, en Angleterre, j’ai été vice-championne du monde avec l’équipe de France et je suis 4ème mondiale en individuelle. »
Pouvez-vous expliquer ce qu’est le Tumbling ?
Maëlle : « Souvent on confond avec le twirling bâton, mais ce n’est vraiment pas la même chose. C’est une spécialité de la gym portée sur l’acrobatie et c’est l’enchaînement de 8 acrobaties dynamiques sur 25m de long. L’objectif est de réaliser les plus grosses acrobaties possibles combinées à une bonne exécution des figures pour avoir la meilleure note possible. »
Pauline : « Pour être noté, en fait, chaque acrobatie a un niveau de difficulté qui est représenté par une note et les juges assemblent toutes les difficultés de la série et ça nous donne une note de difficulté totale. À ça, ils additionnent deux notes d’exécution. Sur l’exécution, ont part de 10 et ils retirent les petites pénalités qu’on a sur chaque figure. »
Maëlle : « Ils vérifient par exemple si les jambes doivent être tendues, qu’elles le soient pendant toute la durée de l’acrobatie jusqu’à la pointe. Il y aussi la qualité des réceptions, si on arrive à la fin de la série et qu’on ne bouge pas. S’il y a un pas, il y a un 10ème de pénalité, si on en fait 3, il y a 3/10ème de pénalité. Ils jugent la propreté et la qualité de la série. »
Comment avez-vous découvert cette pratique ?
Maëlle : « En fait, je pense que c’est beaucoup les gymnastes qui connaissent le Tumbling. Avec les réseaux, l’ensemble des disciplines est plus en avant, on voit les résultats de tout et du coup ça aide à être plus visible aussi. Quand j’étais au centre régional à Chartre, il y avait le pôle France à Rennes et on en entendait parler au centre régional. L’entraineur du club intervenait avec nous au sol pour les acrobaties. J’ai connu comme ça. »
Pauline : « Pour moi, c’est en changeant de club de gym. Mes amies du sport-études faisaient du Tumbling, ça venait d’ouvrir dans leur club et c’est comme ça que j’ai pu essayer. »
Est-ce que vous faites du lien avec vos connaissances en formation et la manière dont vous pratiquez votre sport ?
Maëlle et Pauline : « Oui ça aide beaucoup. »
Pauline : « Ça n’a pas changé complètement mes pratiques mais ça m’a aidé à les optimiser. Les connaissances qu’on a acquises, ça nous fait des petits déclics, on se dit qu’on peut essayer d’améliorer certains points. C’est pas mal pour les petites blessures du quotidien. C’est vrai qu’on peut se dire c’est bien pour nos patients et ça peut être bien pour nous aussi. »
Maëlle : « Moi c’est plus à la surcharge et la prépa physique. Par exemple si je commence à avoir des petites douleurs, en m’arrêtant directement, pendant juste quelques jours, ça aide à optimiser la récup plutôt que de forcer dessus et d’avoir au final un temps de repos nécessaire plus long. »
Comment gérez-vous les études et les entraînements ? Qu’est-ce qu’une journée type pour vous ?
Pauline : « C’est un sujet sensible. Ce qui est compliqué c’est de finir tard l’école car nous nos entraînements sont le soir, la plupart du temps. Sauf si on a un énorme trou dans la journée on peut caler un entraînement. C’est entre deux et trois heures par jour, 6 jours par semaine. Quand on fini trop tard, on arrive tard à l’entraînement et pas dans les meilleures conditions. Et ça, ça veut dire qu’on va finir tard, manger tard et si il y a du travail personnel à la maison on termine vraiment très tard. »
Maëlle : « Ça dépend des années en quatrième année, cela arrive que j’ai des après-midi de disponibles pour mon travail personnel et je peux mieux m’organiser avec mes entrainements. Mais parfois il y a des ajustements à faire. Hier, par exemple je suis partie plus tôt, à 17h pour aller à l’entraînement parce que je suis en période de grosse compète. Il faut que j’arrive bien disponible à l’entraînement. »
Pauline : « On se retrouve parfois à devoir choisir à ne pas manquer de cours et arriver moins bien à l’entraînement. Si c’est le cas, je vais peut-être être plus fatiguée et je ne vais pas arriver à ce que je dois faire. Ou on doit choisir de ne pas aller à ce cours, je serai dans ce cas plus disponible pour l’entraînement mais après je vais devoir le rattraper et ça sera pas aussi clair que si j’avais pu être présente. »
Qu’est ce qui est le plus difficile au quotidien ? Le travail personnel, l’organisation, la vie sociale ?
Maëlle : « C’est réussir à tout allier justement qui est difficile, pour arriver en forme à l’entraînement et arriver à performer. Sur des périodes avec partiels et grosses compétitions, on a pas assez de 24h. Il y a aussi les séances de kiné, les séances de prépa mentale, il faut réussir à caler tout ça aussi pour arriver à performer derrière. Le matin, je fais aussi tout ce qui est étirements, un peu de yoga. Ça dépend des périodes mais je peux avoir aussi des petites muscus à faire pour réveiller un peu le corps. »
Pauline : « C’est difficile de prendre en compte la fatigue, assurer les entraînements, notre vie à l’école et aussi de prendre du temps pour soi. Tout ça, ça rentre pas dans une journée. Là par exemple je suis en retour de blessure, j’ai plus de séances avec le kiné. Le matin quand j’ai le temps, j’aime bien faire des petits exos pour réveiller le corps, des petits exos de proprioception. Des exercices qu’on a pas nécessairement le temps de faire à l’entraînement mais dont on a besoin aussi. »
Maëlle, tu parles de prépa mentale est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu travailles exactement ?
Maëlle : « Je vois un préparateur mental pour m’aider à gérer mes émotions surtout en période de compétition où il y a de l’enjeu et je peux avoir tendance à avoir plus de difficultés à gérer mon stress. Mais on travaille aussi sur la gestion du stress aux entraînements. En période de compétition, les entraînements peuvent être aussi très stressants. Il faut être complétement disponible à chaque entraînement. Il y a les périodes de sélection aussi, c’est le pire. Les dernières pour le monde étaient vraiment très stressantes. »
SHN, Sportive de Haut Niveau, comment on le devient ?
Pauline : « C’est un peu compliqué car c’est aussi politique la question du SHN. En fonction de notre sport, il va y avoir un quota de SHN possible. Il faut faire partie des meilleurs de son sport en France et alors, on peut prétendre à cette place. C’est Directeur technique National qui va choisir qui peut être SHN. Ça dépend de nos résultats sportifs et de notre niveau. Globalement, en tout cas pour le Tumbling, les championnes de France peuvent prétendre à ce titre. »
Maëlle : « Concernant le collectif de sportifs de haut niveau en tumbling il y a 10 filles séniors, 3 garçons séniors, 4 filles juniors. Il n’y a pas de garçon en junior pour l’instant. »
Et qu’est ce que ce statut vous apporte ?
Maëlle : « Ça aide par exemple pour préparer les projets à côté, comme suivre un parcours à l’IFPEK. C’est aussi une reconnaissance de tous les efforts et entraînements. »
Pauline : « Ça ouvre certaines portes, ça apporte une reconnaissance, parfois ça aide pour certaines subventions mais c’est très administratif. Ce n’est pas uniquement représentatif du niveau sportif. »
Qui sont vos plus grandes concurrentes ?
Maëlle : « Se sont vraiment les anglaises. »
Quelles sont vos prochaines échéances ?
Pauline : « Il y a les championnats d’Europe du 2 au 7 avril. Il va y avoir des sélections en février. »
Maëlle : « Il y a aussi des championnats nationaux entre mais ce n’est pas la même pression. ».